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Page:Gabriel Ferry - Les aventures d'un Français au pays de Caciques, 1881.djvu/239

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le soleil. Cela fait, les deux combattants se mirent en face l’un de l’autre ; les hommes les entourèrent, et tous deux n’attendirent plus que le signal. Certes, si l’étranger était aussi adroit qu’il paraissait brave et bien appris, ce devait être un ennemi redoutable ; j’étais inquiet pour Calros du résultat de cette rencontre, dont l’issue pouvait être fatale à sa réputation comme à ses affaires de cœur. Le signal fut donné au milieu d’un silence si profond, qu’on entendait, malgré la foule, le faible souffle du vent bruire dans le feuillage.

Les deux adversaires commencèrent par se porter mutuellement des coups furieux qui faisaient craindre plutôt un combat a mort qu’une lutte au premier sang ; mais chaque fois un bond soudain prévenait, aux applaudissements de tous, le dénouement qu’on redoutait. Tantôt les fers coupaient l’air avec un sifflement lugubre, tantôt ils retentissaient frappés l’un contre l’autre avec un cliquetis aigu. Cependant il était évident que l’étranger en voulait plus à l’honneur de son antagoniste qu’à sa vie ; or, dans ces combats de gladiateurs, le point d’honneur consiste à garantir la main ; une main blessée est une tache ineffaçable pour la réputation du ferrailleur le plus renommé. La perte de la vie n’est rien auprès d’un pareil affront. Malheureusement pour Calros, les rubans rouges flottant à la poignée de l’arme de