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Page:Gabriel Ferry - Les aventures d'un Français au pays de Caciques, 1881.djvu/248

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pays que j’allais quitter avait si largement satisfait ma soif d’aventures, que je m’en voulais de mon empressement à chercher ailleurs une existence plus calme. La réflexion de Calros me rappela que je me croyais trop aisément délivré. Quand, après quelques moments de silence, je lui avouai, un peu confus, mon désir de m’embarquer sur le premier navire américain en partance, Calros m’objecta d’un ton chagrin, d’abord la promesse que je lui avais faite de le suivre dans son excursion à Boca-del-Rio, puis l’état menaçant de la mer.

– D’ici à quatre jours, aucun navire ne pourra lever l’ancre, ajouta-t-il, et ce dernier argument était péremptoire. Je transigeai donc avec Calros. Sur ces quatre jours d’attente forcée, il fut convenu que j’en passerais un avec lui à Boca-del-Rio pour l’aider dans ses recherches. Boca-del-Rio n’est qu’à quatre lieues de Vera-Cruz. Calros ne devait que traverser la ville pour se rendre directement à ce village. Quand à moi, je devais m’arreter à Vera-Cruz et y régler mon départ ; après quoi, le soir même, j’irais rejoindre Calros.

Peu de temps après, nous entrions dans Vera-Cruz. Sur la plage sablonneuse et brûlante qui entoure la ville, des muletiers avaient dressé leurs tentes, attendant avec impatience le moment de fuir la côte mortelle qui dévore à chaque voyage quelques-uns des leurs. Plus loin, des portefaix nègres, habitués