Page:Gabriel Ferry - Les aventures d'un Français au pays de Caciques, 1881.djvu/252

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population de Boca-del-Rio allait et venait sur le rivage, tous les yeux étaient fixés sur la nappe bouillonnante d’écume dont l’éclat phosphorescent contrastait avec la teinte sombre du ciel. Aucun bâtiment n’était cependant en vue ; une détonation lointaine avait seule annoncé qu’un navire était en détresse et qu’il demandait un pilote. Par une nuit semblable, il était évident qu’à moins d’un miracle, il ne pouvait se maintenir près de la côte sans finir par s’y briser. Toutefois, comme on n’avait pas entendu un second coup de canon, on espérait que le bâtiment exposé à la tempête aurait pu s’éloigner. D’ailleurs, un pilote parti le matin, avant que le vent du nord commençât à souffler, avait dû monter à son bord, et l’expérience consommée de ce marin rassurait quelques esprits. Un petit nombre de spectateurs s’obstinaient toutefois à regarder le navire comme perdu. Voilà ce que les questions qui s’agitaient dans les divers groupes m’eurent bientôt appris :

Calros était parmi les curieux réunis sur la place, et je l’eus vite reconnu. Au moment où il achevait de me donner quelques détails au sujet de la préoccupation générale, une seconde explosion, et cette fois plus distincte, arriva jusqu’à nos oreilles. Un éclair précéda bientôt une troisième détonation, et au bout de quelques secondes on put distinguer la