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Page:Gabriel Ferry - Les aventures d'un Français au pays de Caciques, 1881.djvu/271

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pressentir si chaque effort n’allait pas nous pousser contre les parois des rochers.

— Il faudrait avoir ici les yeux du chat tigre pour distinguer sa route, s’écria le pilote.

— En avons-nous pour longtemps encore ? demanda Calros.

— Quelques bons coups d’aviron nous tireront de là, répondit Ventura ; mais le plus embarrassant est de découvrir l’entrée du canal qui sert d’issue à ce bassin. Ce canal est aussi étroit que celui d’où nous sortons. Prenez la gaffe, seigneur cavalier, pour voir si nous n’abordons pas contre les rochers.

Je fis ce qui m’était recommandé. Le canot n’avait pas dévié de la ligne droite ; la gaffe que je tenais en main s’agita des deux côtés dans le vide.

— Tout va bien, dis-je, et nous sommes au milieu du courant.

Les rameurs appuyèrent de nouveau sur leurs avirons, et l’embarcation vola sur la rivière. Tout d’un coup la gaffe dont j’étais muni heurta violemment le roc et m’échappa. En même temps je me sentis reversé de mon banc ; un craquement de branches brisées se fit entendre le canot s’était arrêté subitement.

– Qu’est ceci ? s’écria le pilote, qui s’était précipité à l’avant et promenait ses mains tendues sur un inextricable entrelacement de lianes et de bran-