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Page:Gabriel Ferry - Les aventures d'un Français au pays de Caciques, 1881.djvu/283

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tait le terrain en proie à une impatience fiévreuse, car il n’était pas de ces amants langoureux prêts à se laisser arracher la vie pour échapper au supplice d’une amère déception. Il était d’une caste féroce dont les joies comme les douleurs veulent être excitées ou adoucies par le sang. Un bruit de pas et de voix ne tarda pas à annoncer l’approche de celui qu’on attendait. Les préparatifs du combat ne furent pas longs. Le terrain mesuré, le soleil partagé, les deux adversaires furent mis face à face. J’entendis le signal, j’entendis, le cœur serré, le choc des deux fers ; j’avais détourné la tête, mais, à un cri de rage qui fut poussé, un mouvement irrésistible ramena mes regards vers les combattants. Un homme venait de s’élancer sur le sommet des dunes : il brandissait un tronçon de sabre, et le sang ruisselait de son flanc sur le sable : c’était Campos. Sa fuite avait été si rapide, que son adversaire était encore immobile à sa place. Un des témoins s’approcha pour prêter à Campos une arme en remplacement de celle qui s’était brisée dans sa main ; mais il vint trop tard. Épuisé par l’effort qu’il venait de faire, Campos chancela, puis s’affaissa sur le sable. Un moment il voulut se retenir sur la pente du talus, mais le terrain mobile s’éboula sous ses mains crispées, et le malheureux, après quelques instants d’une lutte horrible, alla s’englou-