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Page:Gabriel Ferry - Les aventures d'un Français au pays de Caciques, 1881.djvu/284

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tir dans le marais, au milieu d’une avalanche de sable.

Il ne restait plus qu’à protéger la fuite de Calros ; nous quittâmes en toute hâte le théâtre du duel, et nous eûmes le temps d’arriver au canot avant que l’alcade du village eût lancé aucun alguazil sur nos traces. Aidée par la rapidité du courant, l’embarcation glissa comme une flèche au milieu des rochers, tandis que les bois et les collines de la rive semblaient fuir derrière nous. Au bout de deux heures, nous avions gagné l’embouchure de la rivière, et nous descendions sous les saules qui ombrageaient la maison du pilote. Sa compagnie nous était désormais inutile ; nous prîmes congé de lui. Avant de nous laisser partir, il essaya de décider Calros à rester avec lui.

– Je cherchais, lui dit-il, un homme brave et décidé pour faire de lui un autre moi-même. Je l’ai trouvé en vous. Le bord de la mer est préférable aux bois, c’est pour enrichir ceux qui l’habitent, que le vent du nord souffle trois mois de l’année. Restez avec moi : dans un an vous serez riche.

Mais un abattement complet avait remplacé l’ardeur fiévreuse de Calros, un ressort paraissait s’être brisé dans son âme ; il secoua mélancoliquement la tête en signe de refus.