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Page:Gabriel Ferry - Les aventures d'un Français au pays de Caciques, 1881.djvu/286

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— Mais, repris-je, si vous voulez dire un adieu éternel à votre mère et au village qu’habite Sacramenta, pourquoi avez-vous refusé l’offre du pilote ? Votre vie retrouverait ainsi ce qui lui manque maintenant, un but arrêté.

— Peu m’importe : le Jarocho est né pour vivre libre et seul. Une cabane de bambous, des bois et une rivière, une carabine ou des filets, voilà tout ce qu’il me faut, voilà ce que je trouverai partout. Adieu, seigneur cavalier ; ne dites à personne que vous m’avez vu pleurer comme une femme.

Et, ramenant son chapeau sur ses yeux, Calros donna de l’éperon à son cheval. Ce ne fut pas sans une vive sympathie que je suivis quelques instants du regard cet homme dont l’exaltation passionnée, l’humeur aventureuse, m’avaient révélé le caractère du Jarocho sous un de ses aspects les plus séduisants. J’avais à regagner Vera-Cruz à pied, cette fois, car mon cheval n’avait conservé de son harnachement qu’une longe qui me servait à le tirer après moi. Au bout de quelques instants de marche, accablé de chaleur et de soif, je m’arrêtai dans une cabane, et l’hôte voulut bien accepter la pauvre bête en paiement de la modeste collation qui m’avait été servie.

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Deux jours après, je faisais voile à bord du Con-