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Page:Gabriel Ferry - Les aventures d'un Français au pays de Caciques, 1881.djvu/29

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vers de grands centres communs, ornés de fontaines aux eaux jaillissantes, interposent leurs massifs de myrtes, de rosiers et de jasmins entre les voitures et les promeneurs à pied, dont l’œil peut suivre, à travers ces ombrages embaumés, des équipages luxueux et des chevaux pleins d’ardeur dans leurs évolutions répétées autour de l’Alameda. Le bruit des roues, étouffé par le sable des allées, arrive à peine à l’oreille, mêlé au murmure des jets d’eau, au frémissement de la brise dans le feuillage toujours vert, aux bourdonnements des abeilles et des colibris. Les carrosses dorés du pays se croisent incessamment avec les voitures européennes, et le somptueux harnais des chevaux mexicains ressort dans tout son éclat à côté de la modeste selle anglaise, bien mesquine au milieu de ce luxe oriental. Les femmes du monde ont quitté, à l’heure de la promenade, la saya et la mantille pour se revêtir de costumes qui ne sont que de quelques mois en arrière des modes parisiennes. Nonchalamment étendues sur les coussins de leurs voitures, elles laissent reposer, dans une chaussure souvent trop négligée, ce pied qui fait leur orgueil et l’admiration des Européens. Heureusement que leur coupable négligence se cache derrière les portières dont les glaces baissées ne laissent voir que leur diadème de cheveux noirs rehaussés de fleurs natu-