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Page:Gabriel Ferry - Les aventures d'un Français au pays de Caciques, 1881.djvu/30

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relles, et leur séduisant sourire, et leurs gestes, où la vivacité s’unit si gracieusement à la nonchalance. L’éventail s’agite aux portières et parle son mystérieux langage. La foule des promeneurs à pied ne présente pas un spectacle moins piquant ; seulement l’Europe mêle en moins grand nombre ses tristes costumes aux costumes bariolés de l’Amérique.

Après un certain nombre de tours, les voitures abandonnent l’Alameda, les cavaliers suivent les voitures ; toute cette foule passe indifférente devant une fenêtre garnie de barreaux de fer, qui donne sur le trottoir qu’il faut longer pour gagner une promenade nommée le Paseo de Bucareli. On ne devinerait guère quel hideux tableau se déroulait alors chaque jour derrière ces barreaux rongés par la rouille, à deux pas de la plus brillante promenade de Mexico : cette fenêtre était celle de la morgue où l’on exposait les cadavres. La sollicitude de la justice ne commençait que de ce moment, et ces cadavres d’hommes et de femmes étaient jetés là pêle-mêle, à moitié nus, encore sanglants ; chaque jour, cette morgue avait des hôtes nouveaux ! Quant au Paseo, voisin de la funèbre exposition, il n’étalait pour tous ornements qu’une double rangée d’arbres, des bancs de pierre destinés aux promeneurs à pied, et trois fontaines surchargées de détestable statues altégoriques. De ce lieu on découvre une partie du