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Page:Gabriel Ferry - Les aventures d'un Français au pays de Caciques, 1881.djvu/36

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J’avoue que, placé entre la justice de l’alcade et la fatale protection de Perico, j’hésitai un instant. De son côté l’alcade ne semblait guère convaincu par le syllogisme que Perico venait de lui lancer avec une si triomphante assurance. Je crus devoir alors terminer le débat en me penchant à l’oreille de l’alcade en lui donnant mon adresse à voix basse.

— Eh bien reprit-il en se retirant, j’accepte la caution de votre ami à la cape olive, et je me rends de ce pas à votre domicile, où je compte vous trouver.

L’alcade et les soldats s’étaient éloignés la foule restait aussi compacte et toujours menaçante, mais un sifflement aigu et deux ou trois gambades eurent bientôt fait reconnaître Perico des gens de sa caste, qui se rangèrent avec empressement devant lui. Le lépero prit alors mon cheval par la bride, et je m’éloignai ainsi de ces groupes sinistres, fort inquiet sur le dénoûment de mon aventure, et fort triste surtout du malheureux événement qui en avait été l’origine.

— Comment se fait-il que je vous trouve si bien portant ? dis-je à mon guide quand j’eus recouvré un peu de sang-froid. J’avoue que je croyais vos affaires dans ce monde à jamais terminées.