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Page:Gabriel Ferry - Les aventures d'un Français au pays de Caciques, 1881.djvu/37

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— Dieu a fait un miracle en faveur de son serviteur, reprit Perico, et il leva dévotement les yeux au ciel ; mais on dirait, seigneur cavalier, que ma résurrection vous contrarie. Vous concevez du reste, que, malgré tout mon désir de vous être agréable…

— Nullement, Perico, nullement, je suis enchanté de vous revoir en vie ; mais comment s’est opéré ce miracle ?

– Je n’en sais rien, reprit gravement le lépero ; seulement il s’est accompli assez rapidement pour que j’aie pu reprendre ma place parmi les spectateurs de la course, et même tenter une dernière ascension. Je venais d’être confessé et absous à neuf, c’était une occasion unique de risquer ma vie sans exposer mon âme ; j’ai voulu en profiter, et cela m’a porté bonheur, car, cette fois, en dépit du taureau qui m’a soulevé de nouveau sur ses cornes, je suis retombé sur mes jambes, au grand contentement du public, qui a fait pleuvoir sur moi les réaux et les demi-réaux. Alors, me trouvant, grâce à vous surtout, la bourse assez bien garnie, j’ai pensé à satisfaire mes goûts pour la toilette, et je suis allé au baratillo faire emplette de ce costume, qui me donne un air fort respectable. Vous avez vu avec quelle considération l’alcade m’a traité. Il n’y a rien de tel que d’être bien vêtu, seigneur cavalier !