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Page:Gabriel Ferry - Les aventures d'un Français au pays de Caciques, 1881.djvu/40

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fantasques et colossales dimensions. La position était critique : abandonner brusquement un pareil guide, dans ces quartiers perdus, était dangereux ; le suivre ne l’était pas moins.

— Mais où diable demeurez-vous ? demandai-je à Perico.

Le lépero se gratta la tête pour toute réponse ; j’insistai.

— À dire vrai, reprit-il enfin, n’ayant pas de domicile fixe, je demeure un peu partout.

— Et votre femme, et vos enfants, et cet asile que vous m’offriez ?

— J’avais oublié, reprit imperturbablement Perico, que j’avais envoyé hier ma femme et mes enfants à… à Queretaro, mais quant à un asile…

— Est-ce à Queretaro que vous me l’offrez aussi ? demandai-je à Perico, reconnaissant trop tard que la femme et les enfants de cet honnête personnage étaient aussi imaginaires que son domicile.

— Quant à un asile, reprit Perico avec la même impassibilité, vous partagerez celui que les ressources de mon imagination vont me procurer, et que je sais trouver quand mes moyens ne me permettent pas de louer un domicile, car le ciel ne nous envoie pas tous les jours des courses de taureaux et d’autres aubaines semblables… Tenez, ajouta-t-il en me montrant du doigt une lueur vacillante et lointaine qu’on