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Page:Gabriel Ferry - Les aventures d'un Français au pays de Caciques, 1881.djvu/60

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rer qu’une évasion était encore possible ; mais de ce côté aussi le passage m’était fermé. Un homme venait de sortir d’une des ruelles qui s’ouvraient sur le bord opposé du canal. D’autres hommes couraient derrière lui en brandissant des armes. Ce Navaja, dans lequel Perico venait de reconnaître un confrère, avait sans doute réuni sa troupe, et j’allais le voir terminer, sans pouvoir porter secours à la victime, un de ces coups nocturnes qui font la gloire sinistre de certains léperos. L’homme qu’on poursuivait atteignit bientôt le parapet du quai et s’y adossa. Je l’entendis distinctement s’écrier :

— Arrière, lâches coquins, qui vous mettez cinq contre un !

— Courage, camarades ! criait de son côté celui qui paraissait être le chef de la bande. Il y a cent piastres à gagner.

Ce qui se passa ensuite, est-il besoin de le décrire ? La lutte trop inégale qui s’était engagée ne dura que quelques instants bientôt un cri de joie féroce m’annonça qu’elle s’était terminée à l’avantage des assassins. Pourtant le malheureux si lâchement attaqué respirait encore, il pût même se traîner sur le pont d’où, agitant un tronçon d’épée, il bravait encore les cinq assaillants ; mais ce fut un dernier effort. De nouveau entouré par ces misérables, de nouveau il tomba sous leurs coups. Aux blafardes