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Page:Gabriel Ferry - Les aventures d'un Français au pays de Caciques, 1881.djvu/7

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lité, le commerce, toute l’organisation mexicaine est la, concentrée dans quelques édifices que l’église semble grouper sous son ombre. Le peuple est là aussi, car les rues de Santo-Domingo, de San-Francisco, de Tacuba, de la Monnaie, de Monterilla, vomitoires de la grande cité, versent sur la Plaza Mayor un flot toujours renouvelé, toujours en mouvement, et il ne faut que se mêler quelques instants à cette foule pour connaître la société mexicaine dans ses plus étranges contrastes de vice et de vertu, de splendeur et de misère.

Vers l’heure de l’Angetus surtout, cavaliers, piétons et voitures composent, sur la plaza Mayor, une foule chamarrée et compacte, où l’or, la soie et les haillons se mêlent de la façon la plus bizarre. Les Indiens vont regagner leurs villages, la populace va retrouver ses faubourgs. Le ranchero fait piaffer son cheval au milieu des promeneurs, qui ne s’écartent que lentement ; l’Aguador (porteur d’eau), qui finit sa journée, traverse la place, courbé sous son chochocol de terre poreuse ; l’officier se dirige vers les cafés ou les maisons de jeu, où il passera sa soirée ; le sous-officier se fait faire place à l’aide du cep de vigne qu’il porte à la main comme indice de son grade. Le jupon rouge de la femme du peuple tranche sur la saya et la mantille noire de la femme du monde, qui s’abrite sous son éventail contre les der-