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Page:Gabriel Ferry - Les aventures d'un Français au pays de Caciques, 1881.djvu/8

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niers rayons du soleil. Des moines de toutes couleurs fendent la foule en tous sens. Ici le padre, avec son grand chapeau à la Basile, coudoie le franciscain au froc bleu, à la ceinture en corde de soie et au large feutre blanc ; là passe le dominicain ; avec son lugubre costume blanc et noir, qui rappelle le souvenir de Torquemada, le fondateur de l’Inquisition ; plus loin, la bure brune du capucin contraste avec les draperies blanches et flottantes du frère de la Merci. Des spectacles, des incidents variés se succèdent sans cesse au milieu de cette foule bigarrée et s’en partagent l’attention. Tantôt c’est le tambour de la caserne qui bat aux champs ; du sagrario dont la porte s’ouvre à deux battants, on voit sortir une voiture étincelante de dorures, le son des cloches se mêle aux roulements des tambours, et toute la foule se découvre, s’agenouille et s’incline devant le saint-sacrement qu’on porte à quelque mourant. Malheur à l’étranger, esprit fort ou ignorant du profond respect du mexicain pour le culte, qui omettrait de plier le genou ! Tantôt on voit arriver en grande pompe sur la place un détachement de six officiers escortés par trois soldats et précédés de douze musiciens ; c’est un bando de l’autorité suprême pour la promulgation duquel on déploie ce luxe de musique et d’uniformes brodés. Tel est avant l’oraison l’aspect générât de la plaza Mayor, vrai forum