Aller au contenu

Page:Gabriel Ferry - Les aventures d'un Français au pays de Caciques, 1881.djvu/73

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

encombrée de curieux, de visiteurs, de fidèles ou de pauvres. Au-delà de cette première cour s’étendait l’enceinte réservée aux moines. D’immenses cloîtres ornés de bassins à vasques de jaspe blanc, des jardins, des cours, la riche bibliothèque, neuf dortoirs, trois cents cellules, un réfectoire où trois cents convives pouvaient trouver place, composaient un ensemble à la fois imposant et magnifique, qui surpassait même l’attente du visiteur qui entre dans le couvent après en avoir admiré l’extérieur.

À mes heures de loisir, les dimanches surtout, j’aimais à me retirer dans la vaste et poudreuse bibliothèque du cloître, et à fouiller des archives ignorées des moines eux-mêmes. Deux livres entre autres, auxquels le milieu dans lequel je lisais prêtait un charme étrange, m’avaient captivé complétement : l’un était un recueil de légendes merveilleuses, l’autre la collection des auto-da-fé ordonnés par l’inquisition mexicaine. J’oubliais souvent les heures en les compulsant. Ces atroces récits, que l’impassible chroniqueur terminait toujours par la formule sacramentelle : Laus Deo, finissaient, lorsque le jour baissait, par exercer sur moi une singulière fascination. Les sons lointains de l’orgue, les chants lugubres des moines, venaient parfois ajouter au prestige, et, dans l’ombre mystérieuse qui déjà envahissait la salle, je voyais apparaître les