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Page:Gabriel Ferry - Les aventures d'un Français au pays de Caciques, 1881.djvu/75

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mon séjour à Mexico était de celles qui font rechercher la solitude. Depuis mon arrivée au Mexique, les années s’étaient ajoutées aux années, et je commençais à ressentir de sourdes atteintes de nostalgie. La constante sérénité d’un ciel qui n’était pas celui de la France ne faisait que redoubler ma tristesse. J’en étais venu à regretter, au milieu de la riche végétation du Nouveau-Monde, les violettes et les lilas, ces deux odorants symboles de la jeunesse qui s’épanouit et qui espère ; je me demandais tristement pourquoi Dieu avait refusé à ce climat où règne un printemps éternel les brumes mélancoliques de l’automne, cet autre symbole de la maturité grave et recueillie. Je soupirais même après les frimas de nos hivers. L’aspect du jardin, que les hautes murailles du couvent entouraient de tous côtés, était en harmonie parfaite avec les idées sombres que je ne pouvais éloigner. Le soleil avait calciné les parois de briques sur lesquelles s’ouvraient les lucarnes des cellules désertes. L’herbe sauvage poussait partout au hasard sur le terrain ombragé de sycomores, de palma-christi et de manguiers. Une tonnelle ornée de plantes grimpantes était le but ordinaire de mes promenades. Là, sous un dôme fleuri où la passiflore, cette plante favorite des cloîtres, les jasmins et les clématites entrelaçaient leurs jets touffus, je passais de longues heures, rê-