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Page:Gabriel Ferry - Les aventures d'un Français au pays de Caciques, 1881.djvu/80

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de la ville, d’ordinaire si tranquilles, ondulaient et s’entrechoquaient sous le remous continuel des eaux, que fendait une flottille d’embarcation. Des canots, des pirogues, s’entrecroisaient partout, les unes portant à Mexico, pour la semaine sainte, des monceaux de fleurs qui répandaient, en passant, un délicieux parfum, les autres suivant ces cargaisons embaumées. Sur ces dernières, de joyeux passagers, couronnés de coquelicots et de pois de senteur, exécutaient, en voguant, des danses nationales au son des harpes, des flûtes et des mandolines. Des femmes à l’œil ardent, à peine vêtues, jetaient au vent, avec des gestes animés, les œillets pourpres de leur coiffure et les refrains de leur lascives chansons. Rien ne manquait à cette fête nautique pour rappeler le souvenir des théories de l’ancienne Grèce, ni la limpidité du ciel, ni l’éclat des costumes, ni l’harmonie du langage. Tandis que le canal qui semblait transformé en un tapis de fleurs, n’offrait de tous cotés qu’un mouvement perpétuel de canots se croisant en tous sens, des groupes nonchalamment couchés sur la berge saluaient de la voix chaque embarcation qui passait ; de bruyants défis s’échangeaient mêlés à de joyeuses clameurs. Plus loin, sous les arcades de verdure formées par les trembles, sur la chaussée qui frémissait sous le roulement des voitures et le galop