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Page:Gabriel Ferry - Les aventures d'un Français au pays de Caciques, 1881.djvu/81

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des chevaux, le monde élégant de Mexico étalait tout le luxe de la toilette.

Les spectateurs avaient sous les yeux un contraste frappant sur le canal, c’était l’Amérique du xvie siècle, qui, sous l’influence du beau soleil des tropiques, s’abandonnait sans contrainte au plaisir sur la chaussée, c’était l’Amérique du xixe siècle modelant sa physionomie native sur le type effacé de l’Europe[1].

Le crépuscule commençait à assombrir les objets, et le tableau mouvant que j’avais sous les yeux allait bientôt disparaître, lorsque j’aperçus quatre cavaliers qui semblaient se diriger vers moi. Je ne pus d’abord distinguer leurs traits, leur figure étant à demi cachée sous de grands chapeaux et des mouchoirs flottants mais leur attitude me parut suspecte. Ces hommes, drapés de sarapes, semblaient m’épier avec l’intention de me couper le passage. Je poussai mon cheval dans une contre-allée. Aussitôt ils piquèrent des deux et s’élancèrent vers moi. — Halte-là s’écria une voix menaçante, et au même instant les quatre cavaliers m’entourèrent. Ce n’étaient ni des voleurs ni des alguazils ; c’étaient tous des hommes dont j’avais pu apprécier souvent le caractère aimable et la joyeuse humeur. Dans l’un d’eux

  1. Ce tableau s’est un peu modifié depuis.