Aller au contenu

Page:Gabriel Ferry - Les aventures d'un Français au pays de Caciques, 1881.djvu/96

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

alguazils à peau rouge se rangèrent, derrière lui comme un groupe de comparses. L’interrogatoire commença.

— Qui êtes-vous et que faites-vous ? – Cette question, articulée péniblement en mauvais espagnol, s’adressait à fray Serapio, que sa longue barbe, son costume et ses manières de soudard avaient sans doute désigné à l’alcade comme le plus suspect d’entre nous. Le moine hésitant à répondre, l’alcade continua :

— Quand on envahit un village à main armée, on a sans doute la permission de porter des armes. Où est la vôtre ?

C’était donc pour nous demander notre permis de port d’armes qu’on nous avait arrêtes. L’alcade pensait bien nous trouver en défaut et nous faire ainsi subir, sans sortir de la légalité, quelques-unes de ces avanies qui satisfont la haine traditionnelle des Indiens contre les individus de race blanche. Nous comprîmes cette tactique, mais nous n’avions aucun moyen de la déjouer. Nous en fûmes réduits à faire tous la même réponse : nous voyagions incognito, et nous n’avions pas de permis de port d’armes. Puis, à l’exception du moine, qui semblait très-mal à l’aise sous son déguisement, nous nous empressâmes de faire connaître nos noms et nos qualités. Comme il était important aussi d’intimider