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Page:Garnir - À la Boule plate.djvu/107

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geait des projets de statuts, haranguait, en imagination, des assemblées de collègues, faisait supprimer les « étrennes onéreuses et scandaleuses » du lundi perdu, rêvait d’un « livre noir » où les fraudeurs de tout genre eussent été signalés… Mais, au fond, comme il avait plus de velléités que de volonté, plus d’enthousiasme que de persévérance, il n’exposait ses projets que pour le plaisir de faire des phrases et de s’entendre approuver, dans le désir aussi de trouver un collègue, à l’âme d’apôtre, qui partirait pour la croisade en assumant les risques.

Pour le moment, Odon s’occupait de lancer une nouvelle cigarette dont la fabrique Biétrumé frères et sœurs consentait à lui donner le monopole pour Saint-Gilles : le « Morichar Turc, XXe Siècle et Bouquet d’Orient », avec la devise : « La Force par l’Union » ; boîte en métal décoré : marbre crème pour la qualité supérieure, marbre blanc pour la 2e qualité, bout or et bout de carton. Le dessin-vignette de la boîte fut longuement discuté avec MM. Biétrumé ; on s’arrêta enfin à une houri que l’on plaça dans un encadrement de roses, par hommage à Mme Rollekechik, laquelle, peu flattée, dénomma la houri Scheele Pepita, vu qu’elle louchait abominablement.

Flagothier expliquait, avec son sérieux de pince-