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Page:Garnir - À la Boule plate.djvu/124

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personne ne connaissait ; large et plastronnant, avec un bec et une voix de perroquet, il ne se fit pas présenter, mais il but, mangea et daigna même applaudir d’un bravââ supérieur et lassé, quand on chanta.

Car on chanta : chacun y alla de la petite spécialité de son répertoire ; ce fut drôle, gentil et cordial, sans rien de crapuleux et d’orgiaque : une honnête débauche de père de famille, telle que pouvait l’accepter la bohème bourgeoise de l’endroit.

La gaieté des liqueurs et des vins enlevait les âmes, s’épanouissait sur les faces en rires sonores ; la colonie de la Boule plate sentait tout le plaisir d’être pour quelque chose dans un événement qui resterait mémorable et fameux dans les fastes du vieux café.

La fête, en effet, fut complète : il y eut bal ; jusqu’à l’heure « où le vruuge merkt s’impose », on se marcha sur les pieds et les couples tournèrent, enlacés, malgré les avertissements et les menaces de la patrouille de nuit avec laquelle, sur le trottoir, Alembert Picquet tint de longs palabres, arrosés de vieux système.

Flagothier avait du bonheur plein le cœur ; dès l’entrée, Jane, enfin, avait remarqué son trouble, le désir qui lui sortait des yeux…

Et tranquillement, systématiquement, savamment, elle s’était mise à « l’allumer », par dilettantisme pro-