Aller au contenu

Page:Garnir - À la Boule plate.djvu/184

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

s’attarde à l’espoir, toujours plus problématique, d’un médiocre marché d’amour.

Ce fut dans un de ces établissements qu’il rencontra Lili-la-Salope, figurante dans les théâtres et « faisant » les gares après minuit, autant par amour du noctambulisme que par besoin d’argent. Cette femme a raconté plus tard que Flagothier lui paya plusieurs consommations et que brusquement, sans qu’elle sût pourquoi, il se mit à lui conter longuement, avec des détails dramatiques, l’histoire « d’un de ses amis », lâchant sa femme légitime et sa situation pour suivre une actrice dont il était follement épris. Il fit même, de cette actrice, un portrait tellement enthousiaste, que Lili-la-Salope en fut humiliée et en conçut du dépit.

— « Nous » ne valons pourtant pas que les hommes se flanquent dans la mélasse comme ça pour « nous », répondit-elle, car elle avait la manie de généraliser ; il faut vraiment que ton ami soit encore plus bête que mes pieds. Tu devrais aller l’empoigner par le col de sa jasse et le ramener chez sa femme avec des coups de pied dans son derrière…

Alors il devint amer, agressif et querelleur, au point que, comme enfin, elle lui demandait pourquoi il lui avait fait cette confidence, il répondit :

— Parce que cette histoire est tellement sale qu’on