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Page:Garnir - À la Boule plate.djvu/185

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est heureux de trouver une p… pour pouvoir la raconter.

Sur ces mots sans délicatesse, elle le quitta, emportant une impression très nette qu’elle formula aussi : « Ça est un que les chagrins ont fait devenir louffoc ! »

Odon écrivit à Rose une lettre, la jeta dans la boîte, acheta dans un hôtel louche une valise « abandonnée » par un voyageur et, le matin, monta dans le train de Berlin où Jane Reclary fut embarquée par André.

Caché dans son compartiment, grelottant de froid après cette nuit sans sommeil, affreusement triste dans le demi-jour funèbre de la gare morne, presque déserte, il « la » vit se pendre dix fois au cou d’André, se donner tout entière dans le baiser de l’adieu, un fervent baiser où leurs bouches se prirent sans fin, et qui les laissa frémissants, les yeux au fond des yeux.

La locomotive siffla ; quand le train partit, Odon, les ongles enfoncés dans les paumes, leva les poings en l’air dans un geste d’acclamation et poussa un cri de joie, un cri de délivrance, le hurlement d’un animal piégé qui vient, en y laissant de sa chair, de se débarrasser de l’entrave.

Rose avait passé une nuit affreuse. Pour la pre-