Aller au contenu

Page:Garnir - À la Boule plate.djvu/215

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Mme Cécile et Charles débarquèrent en l’une de ces gares tristes, isolées de la chaussée, et comme destinées à rester perpétuellement inachevées, qui bordent la ligne du chemin de fer de Maeseyck. Un employé leur ouvrit, avec des mains lourdes d’engelures, la porte à claire-voie qui barricadait la sortie ; un cocher qui, pour se réchauffer, tapait ses épaisses semelles sur la route les introduisit dans un coupé — et ils s’en furent, par une route gercée de gel, vers le sanatorium.

C’était cet air froid pourtant, cet air qui roulait en vagues sur la lande, cet air qui avait balayé les mares gelées des clairières, qui s’était déchiré aux aiguilles givrées des sapins, c’était cet air qui devait cicatriser les poumons de Julien, lui apporter la vie, lui refaire une santé. Le sanatorium n’avait rien de la maussaderie classique de l’hôpital ; certes, en été, les ombrages du parc qui l’entourait, les sentiers qui traçaient capricieusement leurs méandres parmi des gazons, des parterres et des boqueteaux, une pièce d’eau creusant un large miroir, les « champignons » casqués de pailles dorées, où les malades étendus sur des chaises longues goûtaient les bienfaits de la cure, devaient être accueillants, gais à l’œil, propres à réchauffer le cœur, chuchotteurs d’espoirs ; mais, dans la tristesse de cet interminable hiver, comme ils