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Page:Garnir - À la Boule plate.djvu/83

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puissance humaine n’empêcherait jamais Mme Fampin de passer au café ses journées et la plus grande partie de ses nuits, s’était incliné devant l’Irrémédiable.

Elle quittait la triperie au saut du lit, c’est-à-dire vers les 10 heures du matin, y reparaissait quelquefois pour déjeuner, rarement pour dîner, mais, et toujours, pour dormir : seulement, l’heure de cette dernière rentrée n’était pas garantie : cela dépendait de l’état de son porte-monnaie ou du point de savoir si les connaissances rencontrées au café avaient la tournée facile et abondante.

Tandis que Charles et Odon devisaient de Mme Fampin, il y eut une émotion dans la salle voisine : trois couples, extraordinairement bruyants, venaient de faire leur entrée.

C’était une noce ; « l’enterrement d’un vivant », comme le proclama le garçon, qui savait ses classiques bruxellois : d’abord la mariée, avec un chapeau d’un satin bleu exterminateur, fantastiquement perché sur une tête de girafe anémique, puis le mari, en dingote. Femme de chambre et cocher en service chez un notaire du voisinage. Les accompagnaient, deux témoins avec leurs épouses, tous sur leur trente-et-un, congestionnés par les viandes et les boissons du dîner de noce. Un tour à la Boule Plate leur avait paru plus que nécessaire : obliga-