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Page:Garnir - Le Commandant Gardedieu, 1930.djvu/103

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trouvai rien. Je m’en allai après lui avoir serré la main, enjambant des paniers de carottes ; il me sembla que la cuisinière riait et que les gens du marché me prenaient pour un innocent.

Maintenant, ce que je vais vous dire, vous le croirez si vous voulez : je montai vers la place par la rue de la Coupe ; quand j’arrivai en haut, la grosse mercière Alida, qui tricotait sur le seuil de sa boutique, me salua d’un aimable « Bonjour, Monsieur le Commandant » — et j’entendis la voix de sa fille, dans l’arrière-boutique, lui crier :

— Maman, il vient de s’arrêter au Petit Marché pour causer avec Valentine Godin.

Et la mère de répondre, en se tournant d’un bloc vers l’intérieur, sans cesser de tricoter :

— J’ comprinds bè minou sans dire no cat…

Comment la nouvelle était-elle arrivée avant moi, qui venais tout droit du Petit Marché ?

Je me le demande encore. Je regardai Alida d’un air interrogateur. Elle pinça les lèvres, tira ses paupières comme un store, de l’air de quelqu’un qui en sait long et, s’inclinant très bas, elle me fit une révérence à cul-ouvert, comme à la Cour.

Quelle race !

Mons, ville du cancan, du potin, des commérages