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Page:Garnir - Le Commandant Gardedieu, 1930.djvu/122

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— Parce que tout le monde connaît cette histoire par le récit qu’en a fait Tartarin.

— Et vous n’avez jamais protesté, Gédéon ?

— J’étais prisonnier de cet imposteur, Valentine. Lors d’une conférence où il m’avait remplacé, au pied levé, il raconta devant cinq cents personnes, que j’avais fait la guerre anti-esclavagiste ; les journaux le rapportèrent. Tout Mons crut que c’était vrai ; comment dire que cet homme avait fait un mensonge ?

— Pourquoi avait-il menti, Gédéon ?

— Par genre, Valentine. Parce que, ces gens du Midi, leur imagination les emporte ! Quand vous êtes joyeuse, Valentine, vous chantez… ; quand ils sont joyeux, ils mentent. Leurs inventions les aguichent et ils courent après…

— C’est curieux, dit-elle.

Nous nous étions arrêtés près d’un banc. Je m’assis, les jambes coupées ; elle demeura debout, me regardant profondément. Jamais le silence n’avait été plus recueilli ; on aurait dit que les arbres séculaires, que tout le jardin se taisait pour écouter — et Gédéon Gardedieu, votre serviteur, était bien mal à l’aise…

Et je compris que le moment était venu de me délivrer tout-à-fait… Je haussai la voix :