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Page:Garnir - Le Commandant Gardedieu, 1930.djvu/132

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Cent bouteilles de bordeaux, deux cents de bourgogne et autant de Champagne y passèrent, arrosant un menu de quatorze plats. On s’était mis à table à deux heures, on y était encore à sept, quand les mariés quittèrent la fête à l’anglaise.

À peine furent-ils partis que les violons donnèrent le signal du bal. La jeunesse dansa avec frénésie dans la salle rapidement débarrassée de ses tables ; il n’y eut pas un convive, si âgé fût-il et quelque fût son sexe, qui ne se crût obligé à une polka.

Une fois la sauterie en train, ceux qui ne trouvaient pas plaisir à danser envahirent le corps de logis : une partie s’installa dans la salle à manger, autour de tables nouvelles, couvertes de pâtisseries, de pâtés de viande et de bonbons ; ils se remirent à mastiquer avec vaillance et à s’imbiber avec énergie.

Ils y étaient encore vers 11 heures, grignotant et sirotant. Les messieurs étaient quelque peu débraillés ; d’aucuns s’étaient mis en purette. Quant aux dames, il en était de soufflantes et de suantes, tant à cause de la chaleur que de la nourriture. Le vieux bonnetier Constant, de St-Ghislain, cousin éloigné du commandant, chantait une chanson dont j’ose à peine écrire le texte ; je ne le fais que pour vous montrer où en étaient certains. Constant, au milieu du silence de vingt