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Page:Garnir - Le Commandant Gardedieu, 1930.djvu/154

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brochures et des volumes à remplir une bibliothèque. Comment voulez-vous que nous allions nous débrouiller dans les châsses, cryptes, panneaux, plaques en cuivre gravé et martelé, hauts-reliefs, bas-reliefs, reliquaires, calices et ostensoirs et nous reconnaître dans les styles flamboyants, la Renaissance et tous les Louis ? Il ne faut jamais essayer de tousser plus haut que sa bouche. Laissons les roses aux jardiniers et les cathédrales aux poètes : tels que sont les gens de Mons, il faut, pour les intéresser, « magnifier » (comme disent les promoteurs du Folklore liégeois, dont je m’inspire) les choses toutes prosaïques qui leur sont familières, leur parler du « béthième » du petit Marché et non des stalles de Ste-Waudru, de la tarte au fromage ou du lamplumu et non de la chaire de vérité de Ste-Isabeth, de la tête du Dragon qui se trouve à la Bibliothèque et non des tableaux de notre musée de peinture.

Quand des Montois boivent une pinte ensemble, sur la terre étrangère, à deux mille lieues des caches d’Havré, ce n’est pas des statues de Dubreucq qu’ils s’entretiennent, c’est du lapin de St-Antoine, des andouillettes de chez Robette et du chapeau Rubens de Désiré Prys. C’est dans ces objets bien venus, chers à leur enfance et à leur souvenir,