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Page:Garnir - Le Commandant Gardedieu, 1930.djvu/182

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de bœuf à la grosse tête ou à la petite cuisse, un céleri, un poireau, quelques oignons blancs, deux carottes et deux petits navets, le tout apporté bien frais par le fourboutier ; ajoutez sel et poivre et faites cuire à petit feu toute une matinée. Dès 9 heures, le parfum subtil du bouillon gagne toute la maison à travers les nappes d’odeurs de tabac : on flaire la campagne à cause des légumes et l’on imagine les belles vaches rousses meuglant dans les prés avec de l’herbe jusqu’au ventre. Aimé Bouton tourne autour de la marmite comme une poule autour de ses poussins, toujours en foufiette pour écumer le pot. Les gens qu’il sert dans la boutique ne manquent jamais de dire :

— Ah ! Monsieur Bouton… comme ça sent toujours bon chez vous, le dimanche… on en prend avec son nez autant qu’avec une pelle…

Je passais, vers midi, devant la boutique, quand l’odeur m’attira ; j’entrai pour acheter des cigares.

— Bon temps pour les pénassiers, mon commandant… rien d’autre à votre service ?

— Bien aimable… merci, Bouton… À propos, vous n’avez pas quelqu’objet ancien pour notre salon de Folklore ?

— Je regarderai dans mes calbottes, commandant.