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Page:Garnir - Le Commandant Gardedieu, 1930.djvu/26

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après que son fidèle Bouton en aura nettoyé les joints avec une brosse à dents.

Il est entendu que s’en aller est pour lui un devoir… mais il n’est pas nécessaire de s’en aller tout de suite : il n’est jamais trop tard pour le faire, le devoir !

***

Je me souviens que, dans mon enfance, Mons a fait une maladie mentale toute semblable à la crise qui s’est emparée d’elle aujourd’hui. Le vieux journaliste Houdez, qui a vécu ce temps-là, m’en parlait hier en prenant une pinte au Vénitien. L’épidémie avait été déterminée par Lucien Aubanel, alors directeur de la Tribune de Mons, qui, venant en droite ligne de la Cannebière, avait mis toutes les têtes « à dallage » par sa faconde méridionale. Aubanel était l’ami, le confident, le commensal, voire l’homme d’œuvre de l’évêque Dumont, le prélat révolté de Tournai. On était coiffé d’Aubanel comme on l’est maintenant de Tartarin. Tous les matins, la verve d’Aubanel se dépensait dans la Tribune ; Mons s’arrachait son journal, déjeunait d’une bourde, dînait d’une apostrophe et soupait d’une calembredaine ; plus l’enflure était forte et plus goulûment on se