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Page:Garnir - Le Commandant Gardedieu, 1930.djvu/31

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devoir sacré — j’ai pesé le mot avant de le prononcer — un devoir sacré me retient pour quelque temps encore : quand on a fait du mal, il faut le réparer. C’est pour réparer le mal que j’ai fait à vos concitoyens en leur enseignant à exagérer, sinon à mentir, que je dois différer… Suivez-moi bien, Commandant : en commerce il y a l’escompte en dehors et l’escompte en dedans ; il y a aussi l’exagération en dedans et l’exagération en dehors ; dès qu’on a amplifié dans le sens extérieur, on amplifie dans l’autre ; on se corrige ainsi soi-même ; je ne vous demande pas six mois pour que les bidons soient remis en place…

— Un exemple ?

— Voilà !… Vous savez l’histoire du fameux brochet des étangs de Saint-Denis, qui pèse 18 kilos et que personne n’a jamais pu prendre, ce qui fait, entre parenthèses, qu’on se demande, quand on est de sang-froid, comment on sait qu’il pèse 18 kilos. Eh bien, il en a été question une fois de plus hier, au Blagorama. Le photographe Quéquin a dit que le brochet avait 2 m. 40 de long, mais, pour se conformer au nouveau système, il a ajouté aussitôt : « 2 m. 40 de long sur quatre centimètres de large ! » On lui a fait une ovation.

— Il l’avait méritée.