Aller au contenu

Page:Garnir - Le Commandant Gardedieu, 1930.djvu/32

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Il y a mieux, continua Tartarin très excité : le jeune rapin Anto Carte, neveu de Myen, a raconté tranquillement devant une vingtaine de camerluches, une histoire… une histoire… comme on n’en conte que dans le Midi ou à Mons.

— Quelle histoire ?

— « Nous avons à la maison, a dit Anto Carte, une servante hydropique. Tous les huit jours, on l’installe sur la pelouse de notre petit jardin en état de supination. »

— En état de quoi ? fait toute la bande.

— De supination, dit Carte sans se troubler : si vous aviez, comme moi, un ami médecin, vous sauriez que ça veut dire couchée sur le dos.

— Ah ! bon !…

— « Quand elle est comme je dis, je lui pique le ventre avec une épingle à chapeau, et il lui sort un petit jet d’eau qui arrose le gazon… Si vous criez tous ensemble, vous ne saurez pas la fin… Les premières fois, je me contentais de regarder le jet d’eau faire frrrtt… ; maintenant, je jette dedans une boule en verre comme au tir mécanique et je tire la boule à la carabine Flobert. »

Tout le monde se mit à crier : « Couye ! Couye ! » — ce qui est la façon montoise de refuser créance.

Anto Carte ne se démonta pas :