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Page:Garnir - Le Commandant Gardedieu, 1930.djvu/50

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continuer, qu’il allait tomber là, le nez dans son assiette…

Et il se passa alors une chose qui restera, j’ose le dire, le triomphe de la carrière oratoire de Tartarin : une larme coula le long du nez réjoui, du nez heureux de vivre de Myen-le-blagueur ! Et comme on s’en apercevait, Myen, qui a toujours une pièce à mettre au trou, interrompit :

— N’oubliez pas de laisser votre adresse, Tartarin ; on vous préviendra quand il sera mort pour de bon !

Mais Tartarin repartait déjà, avec plus de douceur mais un peu moins de trémolo ; après cette incursion dans le futur, il revenait au présent. Il m’appelait son frère en aventures : les espoirs et les regrets qui nous furent communs pendant les années écoulées, il les évoqua et les présenta comme un bouquet de fête ; son imagination les fit plus émouvants par un mensonge bien venu ; quand il rappela notre rencontre dans le Haut Ouellé et mon doublé d’hippopotames, je jure Dieu que je crus que c’était arrivé ! il me fallut appeler à moi toute mon énergie pour crier : « Ne t’en va pas ! »

Il promit ensuite aux assistants son héritage (mouvement d’attention) — un héritage d’affection