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Page:Garnir - Le Commandant Gardedieu, 1930.djvu/69

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les houilleurs d’autrefois, barbouillés de terre et de charbon, vêtus de toile en toute saison, abêtis, tellement résignés à n’être rien, tellement habitués à se tasser dans les galeries que, quand ils se reposaient devant leur seuil, ils se ramassaient sur eux-mêmes et s’accroupissaient les fesses aux talons. Il évoqua ces vieux charbonniers qui, le dimanche, arrivaient à Mons par bandes, béaient devant les étalages des boutiquiers, s’approvisionnaient dans les magasins, buvaient dans les cabarets et s’en retournaient chez eux en titubant, ayant vidé dans les mains des Montois le plus clair de leur bourse. Quand ils crevaient de faim, jusqu’à se révolter, eux et leur famille, on leur envoyait la troupe et on tirait dans le tas…

Second panneau : la petite bourgeoisie montoise, économe, finaude, experte aux petits négoces, profitant de l’ignorance du borain et encaissant la recette en riant… ; des familles entières vivant placidement et confortablement, depuis plusieurs générations, des intérêts que rapporte une coupure d’action de charbonnages, sans même s’étonner de l’oisiveté des riches et du labeur des pauvres, tressaillant pourtant quelquefois aux coups de grisou qui, de temps en temps, grondent au pays noir, illuminant d’une brusque flamme rouge les sombres terrils…