Aller au contenu

Page:Garnir - Le Commandant Gardedieu, 1930.djvu/70

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Hégry prédit la fin de ces choses, la fin prochaine : ils l’auront, les Borains, le suffrage universel ! et, quand ils l’auront, la ruée des socialistes enfoncera les portes du Parlement ! Et ce jour-là, gare à Mons : les mieux avisés mettront les volets à leurs boutiques !

J’ai déclaré avec tranquillité que Mons est bien gardé ; que les corps spéciaux et même la garde-civique sont là ! Nous ne sommes pas des capons.

Tout de même, ça m’avait impressionné plus que je ne le montrais : il avait l’air, avec ses cheveux blancs et ses vieilles mains qui commencent à trembler, du prophète de l’Écriture…

Le soir, j’en ai parlé à Tante Lalie : elle m’a répondu, avec beaucoup de bon sens, que tout cela était bien malheureux, mais que ce n’était ni elle ni moi qui avions fait la société et que celui qui tire un bon lot à la loterie n’a pas l’habitude de le donner à ceux qui n’ont pas gagné. Tout le monde sait d’ailleurs en ville combien elle est bonne pour les pauvres ; le matin, elle s’était inscrite comme dame patronnesse à l’Œuvre pour l’envoi à la mer, pendant les vacances, des enfants débiles du Borinage.

Mais tous les Montois, je dois le dire, ne ressemblent pas à Tante Lalie.