quand j’avais dix ans et, de ma famille, je n’ai fréquenté que la bonne tante Lalie. Je ne parle pas des perruches à la recherche d’un perchoir qui courent les soirées et les redoutes et exposent leur viande peu ragoûtante dans les loges de théâtre, encore moins des petites femmes d’étudiants, des « artisses » de théâtre et des juments des pince-fesses ; je parle des femmes dont on se dit qu’on les voudrait pour compagnes de sa vie et qui vous donnent de l’amour avec de l’amitié confiante.
Le jeune avocat Barburion a dîné hier avec sa mère, Tante Lalie et Valentine, chez Dupuis. Tante Lalie avait accepté, sans y voir malice, cette invitation au restaurant, la maison de Mme Barburion étant occupée par tous les corps de métier ; mais, dans une ville comme Mons, vous pensez si ça a fait jaser ! Avant qu’on allume les réverbères, il était déjà question du mariage de Valentine avec l’avocat. Au fond, j’aurais dû prendre ça comme une puce sur la jambe ; mais agacé je ne sais pourquoi, je n’ai pas pu m’empêcher d’en parler ce matin à Tante Lalie.
Elle a paru tomber des nues.
— C’est vrai, tout même, doux Jésus, que