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Page:Garnir - Le Commandant Gardedieu, 1930.djvu/98

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Le Ier juin. — L’amour, le véritable amour ? Beaucoup de gens en parlent et personne ne l’a jamais vu, a dit un philosophe… Je suppose qu’il exagère et qu’il y a tout de même des gens qui… ; mais, en tout cas, ce n’est pas moi.

Pourtant, mon imagination travaille… Tenir dans sa main une menotte qui tremble d’émoi tel un oiseau captif, une nuit d’été, quand les étoiles scintillent comme de la poussière d’argent, et que l’air est doux et léger, se sentir un cœur d’enfant, doux et joyeux, un cœur qu’une chère image emplit tout entier, est-ce que ce ne serait pas ça, l’amour ?

Dire : « ma femme » à une jolie créature qui sent bon dans les fourrures où elle s’emmitoufle et qui glisse son bras sous le vôtre comme si elle cherchait une protection… passer une soirée à tisonner les boulets du feu ouvert et la regarder verser le thé, arranger des gâteaux sur l’assiette, souffler la fumée d’une petite cigarette… la voir au balcon d’une maison amie, toute fraîche et