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Page:Gaskell Craik - Trois histoires d amour.djvu/154

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Je vis d’un coup d’œil ce que tout homme intelligent doit voir sans s’en effrayer et sans en avoir honte ; c’est que sur certains points il eût été aussi impossible d’établir une comparaison entre un bidet de travail et un cheval de course qu’entre lord Erlistoun et Marc Browne. Peut-être la série instinctive des réflexions qui m’amenèrent à cette comparaison, ou plutôt à cette distinction, indiquait-elle que je pensais trop à moi-même ; mais il y a des positions où on pense habituellement à soi, et où l’on se compare volontairement ou involontairement aux autres ; j’étais dans cette position ce jour-là.

— Cet endroit-ci est charmant, dit lord Erlistoun.

Il avait raison. J’ai vu bien des maisons de grands seigneurs qui n’étaient pas à moitié aussi belles. Mon père y prenait grand plaisir, et ce ne fut pas sans une certaine satisfaction que j’en fis les honneurs à notre hôte, et que je lui montrai les jardins, les serres, le parc. Il y avait un agréable sentiment d’orgueil à montrer à lord Erlistoun que nous autres gens d’argent nous pouvions aimer la nature et l’air, et dépenser sagement et largement ce que nous n’avions pas hérité, mais bien gagné. En faisant les honneurs de la propriété, je fus moi-même frappé de l’ensemble,