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Page:Gaskell Craik - Trois histoires d amour.djvu/153

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Ses manières supposaient d’avance une réponse, la seule possible ; sa présence n’était probablement pas à l’ordinaire traitée d’indiscrète. Je lui souhaitai la bienvenue, et nous échangeâmes une poignée de main, après un examen réciproque et avec un souvenir vague de nous être vus ailleurs ; mais nous ne fîmes ni l’un ni l’autre allusion à cette première entrevue.

Je me le rappelai parfaitement. Nous autres travailleurs, nous rencontrons rarement chez les femmes de notre classe, encore moins chez les hommes, ces traits délicats et nobles qu’on qualifie ordinairement d’aristocratiques avec assez de justesse, puisque c’est le plus beau type de la simple beauté physique. Souvent arrêtés dans notre croissance par le travail de bureau et la vie des villes, nous atteignons rarement à cette stature élégante et élevée, qui combine la force mâle avec la grâce féminine et aussi à ces mains effilées et à ces ongles en amande. Chaque classe a ses avantages : celui de la perfection physique nous appartient rarement ; elle dépend de chances qui nous manquent habituellement, ou bien elle provient des générations antérieures qui ont légué leur type personnel à leurs enfants ; les soins de l’enfance, l’éducation et la manière de vivre y ajoutent ensuite.