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Page:Gaskell Craik - Trois histoires d amour.djvu/201

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Je me levai de bonne heure le lundi comme de coutume ; mais mon père s’empara de moi et m’emmena voir des chevaux qu’il venait d’acheter pour notre nouveau coupé ; en sorte que je ne pus me promener comme de coutume avec Jeanne. Elle s’était promenée cependant, car je la rencontrai dans le vestibule ôtant son chapeau. Elle était en retard et nous l’attendîmes quelques minutes avant qu’elle descendît pour faire le thé. Tout le temps du déjeuner elle resta extrêmement grave et silencieuse.

Lord Erlistoun ne parut que lorsque le repas était presque fini. Quand il entra, je remarquai que Jeanne rougissait péniblement, elle était inondée de rougeur. Il ne lui dit pas même bonjour ; il s’assit au bout de la table et entama avec mon père une discussion longue et animée sur la politique. Dans le courant de la conversation, j’appris qu’il avait quelque idée de se présenter pour un petit bourg du midi de l’Angleterre, et que dans ce but il fallait qu’il partît immédiatement pour Londres.

Je respirai. Oui, il partait enfin. Je me sentais presque de la compassion pour ce jeune homme.

Il n’avait pas l’air très ému lui-même. Il menait les choses d’un air dégagé et restait debout, parlant avec vivacité du plaisir qu’il avait trouvé à