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Page:Gaskell Craik - Trois histoires d amour.djvu/289

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mais cela ne se peut pas. Toute la tendresse, toute la conscience, tout l’honneur du monde, toute la crainte de faire de la peine, rien de tout cela ne peut celer la vérité. Elle apparaît à travers quelque interstice du regard ou du geste, nue et froide, mais vivante, sensible, la vérité.

Ainsi, là, à côté d’elle, la comblant d’attentions, sa voix et ses regards témoignaient une estime profonde, une tendresse sincère, comme s’il se rendait compte de quelque tort involontaire ; pour ceux qui savent ce qu’est et ce que n’est pas l’amour, il était clair comme le jour que le sentiment actuel de lord Erlistoun pour Jeanne Dowglas ne ressemblait pas plus à celui qu’il éprouvait deux ans auparavant et que les figures de cire qu’il lui décrivait éloquemment ne ressemblaient à la sainte qu’elles représentaient, à la créature adorée et aimée qu’elles prétendaient retracer.

Son respect, son estime étaient là, mais son amour était mort. Mort de sa fin naturelle, ou peut-être, ce qui était également naturel avec son âge et son caractère, par une substitution. S’il en était ainsi, il l’avait soigneusement et honorablement caché. Ce n’était ni un sot ni un rustre ; c’était un homme bien né. Toute la soirée ses