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Page:Gaskell Craik - Trois histoires d amour.djvu/293

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Mais Jeanne avait repris son empire sur elle-même.

— Cela me fait mal de parler de Lythwaite, n’en parlons plus.

— Comme vous voudrez.

Et je vis qu’elle avait retiré sa main, ou qu’il l’avait laissée tomber. Il n’essaya pas de la reprendre. Ils restèrent à causer côte à côte, comme des amis, jusqu’au moment où sa voiture fut annoncée.

Il se remit alors à errer dans le salon, et commença à tourner les feuillets de la petite bibliothèque de Jeanne.

— Eh ! vous ai-je donné ce livre-là ? Quelle passion j’en avais autrefois ! Voilà une marque de moi ; et il se mit à relire les vers à demi-voix, s’échauffant à mesure. C’étaient ceux qu’il avait récités avec une ardeur si passionnée la veille de son départ d’Angleterre. Avec la même intonation, différente cependant, il les répétait aujourd’hui jusqu’au dernier vers.

— Je compris que c’était la vision qui m’avait été voilée tant d’années, que c’était…

— Émily.

Pour la seconde fois, Jeanne suppléa au silence et dit ce mot d’Émily d’une voix ferme et calme, comme un simple fait, rien de plus. Lord Erlis-