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Page:Gaskell Craik - Trois histoires d amour.djvu/46

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Elle le sentit tressaillir, mais il garda le silence une minute ou deux ; puis il dit :

— Par quel hasard y es-tu allée, ma mère ?

— Mais, mon garçon, ce n’était pas étonnant que j’eusse envie de voir une personne à laquelle tu pensais. Je ne me suis pas mise en avant. J’avais mis mes habits des dimanches, et j’ai fait ce que j’ai pu pour me conduire comme tu aurais voulu ; c’est-à-dire, j’ai tâché ; au commencement, je m’en suis souvenue, mais après, j’ai tout oublié.

Elle avait bien envie qu’il lui demandât pourquoi elle avait tout oublié ; mais il dit seulement :

— Avait-elle bonne mine, ma mère ?

— Guillaume, je ne l’avais jamais vue auparavant ; mais c’est une bonne et douce créature, et je l’aime tendrement, comme j’en ai motif.

Guillaume leva les yeux avec un moment de surprise ; sa mère était habituellement trop timide pour que les étrangers lui plussent. Mais après tout, qu’y avait-il là d’extraordinaire ? Comment voir Suzanne sans l’aimer ? Il ne faisait donc pas de questions, et sa pauvre mère eut à prendre courage et à chercher encore une fois à amener le sujet qui lui tenait si fort au cœur ; comment faire ?

— Guillaume, dit-elle en se découvrant d’un