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Page:Gaskell Craik - Trois histoires d amour.djvu/47

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seul coup, par crainte de ne pouvoir amener la conversation où elle voulait. Je lui ai tout dit.

— Ma mère, tu m’as perdu ! dit-il en se levant en face d’elle, et en la regardant d’un air sévère mais effrayé.

— Non, mon enfant, n’aie pas l’air si effaré ; je ne t’ai pas perdu, s’écria-t-elle en lui mettant les deux mains sur les épaules et en le regardant tendrement. Elle n’est pas fille à endurcir son cœur contre le chagrin d’une mère. Elle est trop bonne pour cela, mon garçon. Ce n’est pas elle qui jugera et qui méprisera les pécheurs ; elle connaît trop bien son Évangile pour cela. Prends courage, Guillaume, tu le peux, car je l’ai bien examinée ; seulement ce n’est pas à une femme de dire le secret d’une autre. Assied-toi, mon garçon, tu es tout pâle !

Il s’assit. Sa mère prit un tabouret et s’assit à ses pieds.

— Tu lui as parlé de Lisette, alors ? dit-il tout bas, d’une voix rauque.

— Oui, je lui ai tout dit, et elle s’est mise à pleurer de mon grand chagrin et du péché de ma pauvre enfant. Et puis tout d’un coup sa figure s’est illuminée ; elle tremblait comme si elle avait une pensée heureuse, et sais-tu ce que c’était, Guillaume, mon garçon ? Je suis sûre que ton