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Page:Gautier - Fusains et eaux-fortes.djvu/166

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LES CONCOURS DE 1837

à leurs compositions un aspect ombreux et mélancolique, et la première convenance du sujet a été par eux désertée et méconnue. Il en est même qui ont poussé si loin l’oubli de la nature qu’ils avaient à reproduire, qu’ils n’ont pas même su rappeler dans le dessin de la fabrique le style de l’architecture grecque, qu’on n’accusera pas cependant l’École royale de ne pas faire étudier à ses élèves. Toutes ces toiles ont l’air de jouer avec le programme à qui perd gagne et sont autant de démentis donnés à la nature joyeuse et resplendissante que celui-ci leur avait demandée.

Reste vrai, après cela, que, dans plusieurs, des parties se rencontrent dignes d’éloge ; que, prises isolément, certaines études d’arbres sont remarquables que plusieurs détails accusént une main habile et exercée, quelquefois même une science relativement habile dans la répartition de la lumière et dans l’harmonie de la couleur ; mais ce qui manque dans tous ces tableaux, c’est ta grandeur et la poésie des lignes, c’est le sentiment de cette étendue, nous avons presque dit de l’infini, qui est la source de toute émotion dans la contemplation d’un paysage. Avec son pinceau et un peu de pratique, il n’est pas un artiste qui ne puisse dresser quelques arbres sur une toile, échelonner des plans et faire fuir un horizon mais c’est par son âme qu’il fait passer sur la toile, que tout cela s’anime et prend vie ; un