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Page:Gautier - Fusains et eaux-fortes.djvu/236

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LA RÉPUBLIQUE DE L’AVENIR.

Quelque forme de gouvernement qu’on adopte, il ne faut pas oublier qu’elle repose sur des individus doués de penchants invariables, de passions éternelles comme l’humanité. Les religions, les morales, les gouvernements qui contrarient au delà d’une certaine limite ces instincts fondamentaux, ces forces vives, s’usent fatalement et sont éliminés au bout d’une certaine période que l’on pourrait préciser. Sans s’être donné le mot, la famille humaine marche d’un pas lent, mais égal, vers un but unique le bonheur.

Obéissant à des lois pour ainsi dire mathématiques, l’humanité s’arrange dans la proportion suivante l’homme : la société, la religion. L’homme est le type la société et la religion, dont les noms ont la même signification étymologique, en réunissent les individus et les dirigent matériellement et spirituellement, toutefois à la condition de n’exiger de lui que les sacrifices possibles à sa nature. Partie du jardin Édénique, l’humanité veut y retourner.

Quel est l’instinct le plus vif de l’homme ? Celui de la liberté. Pourquoi désire-t-il être libre ? Pour chercher le bonheur. Qu’est-ce que le bonheur ? C’est le bien-être intellectuel et physique acquis sans faire tort à personne. Or, aucun état social ne permet cette recherche comme la République telle que nous l’entendons, c’est-à-dire opulente, splendide, spirituelle et polie ; nous ne concevons pas la Répu-