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Page:Gautier - Fusains et eaux-fortes.djvu/269

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FUSAINS ET EAUX-FORTES.

arrivé aux limites extérieures de son atmosphère, voudra se désorbiter et quitter sa planète ; on tentera sérieusement le voyage à la lune d’Astolfe et de Cyrano, et nous ne craignons pas de le dire, on réussira dans cette entreprise. Toute planète lunigère a le droit d’aller visiter son satellite, et les communications aromales ne seront pas toujours suffisantes ; on a des choses plus intimes à se dire. Aller dans la lune et conquérir Phœbé, cet astre malade et qui a besoin de grands travaux d’assainissement, tel sera le rêve et l’occupation de nos neveux. Cette conquête est au-dessus des forces de l’humanité actuelle ; les années du monde sont de mille ans chacune. L’humanité n’a donc, à l’heure qu’il est, que six ans. On ne peut pas exiger grand’chose d’un enfant si jeune et qui n’a pas beaucoup de dispositions ; maintenant il apprend à manger, à marcher, à nager, à voler ; plus tard il pensera et fera de belles choses, mais nous ne serons plus là pour les voir… Hélas !

(Le Journal, 25 septembre 1848.)