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Page:Gautier - Fusains et eaux-fortes.djvu/268

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À PROPOS DE BALLONS.

vague, fluide, élastique, qui se déplace devant vous et se referme après votre passage. Tout ce que l’on peut craindre, c’est que le ballon ne se déchire, que les cordes de la nacelle ne cassent ; il est facile de l’éviter. Les tempêtes ne sont pas à redouter, puisqu’elles s’étendent à peine à une ou deux lieues autour de notre globe, et qu’en dépassant la sphère des nuages, on retrouve, par le temps le plus affreux, l’air immobile et bleu et le soleil qui brille placidement.

Quel charmant spectacle ce sera de voir se croiser dans l’air, à différentes hauteurs, ces essaims d’aérostats peints de couleurs brillantes, dorés le jour par la lumière, et la nuit faisant l’effet, avec leurs lanternes d’étoiles, de courir la pretantaine !

Alors les ascensions sur les plus hautes montagnes ne seront qu’un jeu. On pénétrera dans la Chine, on ira à Tombouctou conmme à Saint-Ouen ; les déserts de l’Afrique, de l’Asie et de l’Amérique seront forcés de livrer leurs secrets. On poussera jusqu’au bord de l’atmosphère qui nous environne, on visitera la création dans tous ses recoins.

Il y aura des ballons de place et des ballons de maître, et pour vanter le luxe de quelqu’un, on dira : Il est riche, il a un ballon de trente-quatre mille pieds cubes de gaz, ce qui équivaudra à une calèche à quatre chevaux.

Quand ce rêve sera réalisé, on tentera l’exécution d’un autre déjà formulé par les poètes. L’homme,